UN MARCHÉ IMMOBILIER QUI S’AJUSTE
Difficile de s’y retrouver face aux nombreuses informations contradictoires sur le marché immobilier. Certains baromètres publiés depuis début septembre font état de la poursuite de la hausse des prix, d’autres affirment au contraire que les prix baissent. Dès lors, comment se faire une idée de l’état du marché en cette fin septembre ?
Interview de Sophie Lupoglazoff – fondatrice et dirigeante d’Home & Co depuis 17 ans.
Comment analyser les prix communiqués sur le marché ?
Il est important de savoir que les prix annoncés par les notaires ont en général 3 à 4 mois de retard. C’est pourquoi, pour comprendre le marché immobilier à date, il faut une expertise terrain, en temps réel. En fait, les prix annoncés ne sont que des moyennes. Par exemple, dans une ville comme Colombes, l’écart de prix peut varier de 2 500 à 3 000 €/m2 ! Les prix diffèrent complétement d’une ville à l’autre et même d’une rue à l’autre. Il est donc périlleux de généraliser !
Dans quel type de marché immobilier sommes-nous actuellement ?
Comme nous l’expliquions dans notre article de juillet, le marché tend à devenir un marché « Acquéreurs ». Même si l’offre reste tendue, les appartements et maisons mis à la vente sont en augmentation. En effet, nombreux sont les Franciliens qui aspirent à davantage de verdure et partent, encouragés par le télétravail, vers de grandes villes de provinces ou même à la campagne. D’autres vendeurs ne souhaitent pas – ou ne peuvent pas – engager des travaux de rénovation coûteux pour la mise aux normes, selon les DPE, de biens mal isolés et décident de vendre.
Pas d’inquiétude, la demande de logements est là ! Cependant, du fait de la conjoncture géopolitique et économique, les acquéreurs sont circonspects et particulièrement exigeants. Quand ils se lancent dans un projet d’acquisition immobilière, ils se réservent le droit de tout vérifier dans les moindres détails, afin de ne pas acheter trop cher, trop vite. Ils prennent leur temps et lorsqu’il se décident, n’hésitent pas à faire une offre en dessous du prix affiché. C’est vraiment le retour de la négociation, avec moins d’affect : le coup de cœur ne suffit plus pour acheter… Chez Home & Co, nous constatons une baisse des prix dans nos villes – Asnières, Courbevoie, Colombes, Bois-Colombes et La Garenne-Colombes – et voyons cela comme un réajustement du marché après la flambée des prix post-confinement.
Que dire du financement, un vrai casse-tête qui impacte aussi le marché ?
On parle beaucoup de l’augmentation des taux de crédit, mais aux alentours de 2%, ils restent tout à fait attractifs ! C’est plutôt le taux d’usure (taux maximum auquel les banques peuvent prêter) qui diminue la capacité de financement des acquéreurs. Même s’il est révisé trimestriellement, son augmentation n’est pas en phase avec la hausse rapide des taux de crédit.
Que conseillez-vous à vos clients dans ce contexte ?
Notre mot d’ordre dans l’immobilier, c’est s’adapter et rester agiles ! Les vendeurs doivent se tenir prêts à accepter une négociation et les acheteurs doivent être conscients de leur capacité maximale d’emprunt et préparer leur dossier financier en amont.
Dans le contexte actuel, les visites se multiplient et faire appel à un professionnel de l’immobilier est fortement recommandé. Finies les ventes en deux temps trois mouvements ! Notre devoir de conseil trouve ici tout son sens.
Votre mot de la fin ?
Restons positifs : l’immobilier est toujours attractif. Le besoin de se loger est présent avec un marché toujours tendu. Le premier confinement a fait émerger chez chacun un souhait, voir un besoin, d’être bien chez soi. La pierre demeure une valeur-refuge. Vendre un peu moins cher, c’est aussi acheter moins cher ! Je pense que le marché s’ajuste, ce qui n’est pas plus mal…